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Date : 25-07-2023 08:09:30
merci farafina, d'avoir relancé ce debat que l'on avait oublié, et un grand merci également de nous avoir appris que 18ha représentait 500 piscines olympiques ,et 15Ha représentait 5 places de Jaude. post 30
en revanche, au bout de 30 secondes de recherche, j'ai trouvé cet article qui me semble un petit peu plus précis :
On a tous encore en mémoire la violence des affrontements de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres fin mars. Les mégabassines semblent nécessaires à certains agriculteurs alors qu’elles sont pour d’autres agriculteurs et pour les défenseurs de l’environnement une aberration.
Le feu des projecteurs s’est concentré sur l’ouest de la France où se situent les plus vastes productions concernées – notamment de maïs, mais notre région n’est pas épargnée par le sujet. Si différentes petites retenues sont déjà en eau, il est maintenant notoire que des bassines bien plus importantes sont en projet dans le bassin de la Limagne.
Elles sont portées par l’ASL (association syndicale libre) Les Turlurons aux alentours de Billom. Quel est précisément le projet ? Où en est-il ? Dans quel climat (au sens propre et au sens figuré) se prépare-t-il ? Nous faisons le point et donnons la parole aux parties en présence.
Parmi les plus grandes
Le projet tout d’abord. Il s’agit de construire deux retenues de substitution – selon la terminologie officielle. L’une est prévue à Bouzel (au nord de Billom) sur une emprise de 15 ha pouvant stocker environ 1 million de m³ d’eau. L’autre est en projet à Lignat, dans la commune de Saint-Georges-ès-Allier (entre Billom et Pérignat). Elle est envisagée sur 18 ha pour un stockage de 1,25 m³ d’eau. Ce qui la porte à la taille des plus grandes bassines existantes en France, la moyenne se situant autour de 8 ha.
Ces deux projets sont portés par une même ASL – structure spécifique à la gestion de l’irrigation mutualisée entre agriculteurs d’un même secteur. L’ASL Les Turlurons, créée en 2016, regroupe sur ce double projet 36 agriculteurs répartis sur quinze communes (principalement du territoire de Billom Communauté), sur un secteur qui n’est pas irrigué pour le moment. Le projet est de pouvoir arroser 800 hectares. L’ASL indique qu’une centaine d’agriculteurs ont été sollicités pour participer.
Bouzel et Lignat, lieux d'installation des bassines
Les retenues de substitution sont prévues respectivement à Bouzel, près de Vertaizon, et à Lignat, sur la commune de Saint-Georges-ès-Allier. – Photos Marie-Pierre Demarty
Qui y participe ? Des exploitations de taille moyenne, dont une grande part de producteurs de céréales alimentant la coopérative Limagrain, mais pas seulement et pas exclusivement. Des producteurs d’ail notamment (la spécialité locale), d’asperges, des éleveurs en polyculture… La communication de l’ASL indique notamment une intention de « redynamiser les cultures historiques comme l’ail rose de Billom, et développer de nouvelles cultures [telles que] les plantes aromatiques et médicinales ainsi que les légumes » et « maintenir un tissu dense d’exploitations familiales ».
Photovoltaïque flottant
Contrairement aux bassines du Marais poitevin, il ne s’agit pas ici de puiser dans une nappe phréatique, mais directement dans l’Allier, sur la période hivernale, très exactement entre le 1er novembre et le 31 mars, et lorsque le débit atteint au moins 47,5 m3/s au pont de Longues. Le pompage ne pourrait en outre pas dépasser une proportion de 1% du débit. Ces limites ont été définies en fonction des règles établies par le code de l’environnement qui contraignent au maintien d’un débit minimal (art. L.214-18).
L’eau serait ensuite acheminée vers les deux bassines par des canalisations, qui seraient à créer pour celle de Lignat. Côté Bouzel, il existe déjà un réseau d’irrigation utilisé en été qui, au dire des porteurs du projet, pourrait desservir la retenue en hiver.
Dernière précision technique : il est envisagé d’installer des panneaux photovoltaïques flottants sur la surface de ces bassins, une technique encore très peu développée en France mais davantage aux Etats-Unis. Ce projet complémentaire aurait pour fonction de limiter l’évaporation, tout en générant un revenu contribuant au financement du projet et en participant à la production d’une énergie renouvelable locale.
Photovoltaïque flottant sur une bassine
Une installation de panneaux photovoltaïques flottants sur une retenue d’eau en Californie – Photo SPG Solar – Creative Commons CC BY 3.0
Un protocole pour cadrer
Un protocole en date d’octobre 2020, établi sous l’autorité du Préfet en concertation avec les différentes parties prenantes dont l’Agence de l’eau, les Commissions locales de l’eau, les collectivités régionale et départementale, la Chambre d’agriculture et l’Adira (Association pour le développement de l’irrigation en Auvergne), ainsi que l’Office français de la Biodiversité. Il est peut-être utile de mentionner que ces différentes instances signataires déclarent en préambule, notamment, qu’elles « conviennent de la nécessité des retenues d’eau pour la substitution des prélèvements directs et en faveur de l’adaptation de l’activité agricole, […] affirment l’importance d’une politique de gestion globale et concertée pour la mobilisation des ressources en eau, incluant l’utilisation optimisées des retenues existantes et des actions soutenues d’économies d’eau ; décident de se mettre en situation d’assurer le développement de ces ouvrages dans leur contexte territorial, en respectant les exigences fondamentales de respect de l’environnement portées par la règlementation, notamment le maintien du débit minimal et de la préservation des milieux aquatiques et de la biodiversité […] ».
Ce protocole établit notamment les règles à respecter pour les porteurs de projet et en premier lieu, celle de « s’inscrire en priorité dans un projet de territoire pour la gestion de l’eau visant à anticiper les évolutions futures tant de l’économie agricole que de la ressource en eau, et en prenant en compte l’ensemble des usages, la qualité de l’eau, les économies d’eau réalisables et les marges d’optimisation possibles des ouvrages existants. »
Surtout il établit les procédures à suivre pour le dépôt et l’instruction du dossier ainsi que le rôle des instances signataires dans ces procédures.
Europe et emprunts
Concernant ce financement, il est estimé à 25 millions d’euros pour l’aménagement de l’ensemble du système : pompes, réseau de canalisations et retenues. A l’ASL des Turlurons, on précise cependant que rien n’est encore arrêté. Les informations avancées généralement dans la presse ou par des spécialistes affirment que ces projets, de manière générale, sont subventionnés à 70% environ par des fonds publics. L’ASL indique compter principalement sur les fonds européens. Dans un entretien à Tikographie à paraître samedi, le représentant à Clermont de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne confirme qu’un tel projet n’est pas finançable par celle-ci.
Si les opposants s’interrogent sur le rôle de Limagrain, on affirme au service des relations territoriales de la coopérative que celle-ci n’est pas directement partie prenante du projet à Billom et n’a pas prévu de participer à son financement. La part non subventionnée sera financée par des emprunts répartis entre les agriculteurs, au prorata des surfaces à irriguer, indiquent-ils.
L’ASL affiche également dans sa communication le soutien de la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme et de l’Adira, dont elle s’engage à respecter la charte des bonnes pratiques instaurée en 2021.
Où en est-on ?
Pour Lignat, l’appel d’offres pour les études techniques s’est fait en janvier-février de cette année. Celui de Bouzel, l’an dernier. Autant dire que ces études sont en phase de démarrage, tout comme les études environnementales qui doivent durer une année complète pour observer les impacts potentiels sur un cycle de saisons complet.
Concernant le projet photovoltaïque, l’appel à projets est en cours actuellement.
Les porteurs du projet ont également commencé à informer les élus des communes concernées, notamment lors d’une réunion à Egliseneuve-près-Billom le 2 février dernier.
Sans avoir été invités à entrer dans la salle, une trentaine de personnes s’inquiétant du projet se sont rassemblées spontanément à l’extérieur dans l’intention de recueillir des informations. De ce groupe est né un collectif de vigilance – sinon d’opposition – à l’égard de ce projet (voir nos prochains articles).
Reste la question de l’échéance : l’ASL Les Turlurons a annoncé une perspective de début des travaux dès l’année prochaine et à 2026 pour la fin des travaux et la mise en eau.
Ce qui paraît très court, compte tenu de l’ampleur du projet, qui devra passer non seulement par les phases d’études, mais aussi par des dossiers d’autorisation et de financement, qui ont aussi un calendrier à respecter. Sans compter les éventuels recours de contestation des décisions.
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